Histoires de stades et de tribunaux

Justice

Au procès Kriket, les femmes avaient la parole

(© - Alexandre Sarkissian).

Au 10e jour du procès de la cellule d’Argenteuil, une partie de l’entourage de Reda Kriket a brillé par son absence. Sa mère et une de ses ex-compagnes ont tout de même pu être entendues.

« Reda, c’est un voleur, pas un bandit. » La mère de Reda Kikret n’a pas apporté de révélations fracassantes, du moins s’est elle montrée quelques fois cassante à l’adresse de la justice française qu’elle tient comme en partie responsable de la situation de son fils. Il risque la perpétuité, dans un contexte de récidive, soupçonné d’avoir projeté un attentat violent il y a cinq ans.

Sans surprise donc, sa maman, 61 ans, ne l’a pas accablé. Elle ne l’a pas forcément défendu non plus. « Il était tout le temps dehors », se justifie-t-elle vendredi 19 mars à la barre pour expliquer les difficultés qu’elle a rencontrées dans son rôle de mère. « S’il avait été en Algérie, je ne serais pas là. Mon fils se serait mieux tenu là-bas. Ici (en France, ndlr), il y a trop de liberté », a jugé la maman. 

La cour espérait aussi pouvoir interroger les deux soeurs. En Algérie, elles demeuraient introuvables selon les autorités locales. Sonia O. a également décliné la convocation de la justice. Un certificat médical l’a exempté de venir en dire plus : « Syndrome dépressif majeur. » C’était la première compagne « sérieuse » de l’accusé. Le président s’est contenté de lire le PV de son audition.

« Il baisait des putes à 50 euros en Belgique »

Sonia o.

Reda Kriket le concède au président de la cour d’assises spécialement composée. Leur relation tournait souvent au conflit. Sonia n’use pas du langage diplomatique devant les enquêteurs à l’époque : « C’était un con qui baisait des putes à 50 euros en Belgique, il a lâché son fils, il n’a jamais assumé. »

« Chris », une relation du couple, avait pris aussi l’habitude de s’évader avec des drogues plus ou moins récréatives. Il a rencontré Reda Kriket à la prison de Fresnes en 2004. Puis c’est le silence radio à partir de 2013. « Il ne pouvait plus me fréquenter, parce que j’étais homosexuel et que sa religion le lui interdisait », expliquait en mars 2016 celui qui se disait écrivain, disparu aujourd’hui.

« C’était pour d’autres raisons, mais je ne veux pas entrer dans les détails », souffle Reda Kriket. Il confirme, en revanche, une visite de son ami Chris en Belgique, du côté de Molenbeek « vers 2008 ou 2009 ». Ce jour où il lui a montré une Kalachnikov. « Oui, mais c’était avant mon incarcération », tient à souligner l’accusé. La police en a retrouvé cinq en mars 2016 dans son appartement d’Argenteuil, au milieu d’un terrible arsenal.

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Cette 10e journée du procès a connu par ailleurs un petit moment de détente, provoqué sans le savoir par le président de la cour. Il a accepté qu’une autre ex-compagne de Kriket, Aline T., puisse le voir par visioconférence interposée. Cet échange léger, durant quelques secondes, a  fait oublier à la salle pourquoi il se trouvait dans le box, avec six autres accusés.