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Justice

Attentat de Magnanville, un ADN comme acteur principal du procès

Le procès de l’attentat de Magnanville, où un couple de policiers avait été sauvagement assassiné le 13 juin 2016, s’est ouvert ce lundi 25 septembre à Paris. L’accusé a profité de la parole donnée pour nier les faits reprochés pour lesquels il risque la perpétuité.

On a trouvé trace de son passage mais Mohamed Lamine Aberouz continue de nier. L’accusé du procès de l’attentat de Magnanville a de nouveau clamé son innocence, lundi 25 septembre à l’ouverture de l’audience devant la cour d’Assises de Paris spécialement composée.

Le 13 juin 2016, il dit ne pas avoir accompagné son ami Larossi Abballa quand le terroriste a assassiné Jessica Schneider et Jean-Baptiste Salvaing. Un attentat perpétré au domicile du couple en présence de leur enfant de trois ans

Aberouz assure qu’il se trouvait dans une salle de prières aux Mureaux (Yvelines). « Je réitère mes condamnations les plus fermes à l’encontre de Larossi, de ce qu’il a fait et je réitère mon innocence », a-t-il déclaré au président Petiteau.

Mohamed Lamine Aberouz avait tout d’abord témoigné de sa « compassion pour les familles des victimes », avant de souhaiter que « les débats permettent d’éclaircir des éléments qui ont été tronqués et des responsabilités qui ont été négligées. »

Son empreinte génétique relevée sur l’ordinateur du couple de policiers constitue un de ces éléments qualifiés de tronqué par le trentenaire et ses deux avocats. Sa présence supposée dans l’appartement de Magnanville tient principalement à cet ADN.

Les conseils de Mohamed Lamine Aberouz contestent les conclusions des investigations scientifiques. Il pourrait s’agir d’un transfert aboutissant à un mélange de deux empreintes, loin d’une « trace pure ». Le phénomène s’expliquerait par le véhicule, une Clio, de Larossi Abballa remplie aussi de l’ADN de son ami.

La chambre de l’instruction a surtout retenu un autre rapport du 30 janvier 2019. Il indique une concentration plus forte sur la trace apparue sur le repose-poignet droit du PC que celles relevées dans la petite Renault.

Une trace ADN sur l’ordinateur (qui peut s’expliquer par le port de gants, selon les experts), seul élément susceptible d’attester de sa présence sur les lieux le 13 juin 2016, et l’absence de signes de repérages s’inscrivent au rayon « à décharge » de l’accusé.

La fragilité des témoignages (fidèles et imams) liés à son alibi à la mosquée des Mureaux, et son téléphone muet entre 18 et 22h le jour de l’attentat, ont motivé l’instruction pour croire Mohamed Lamine Aberouz complice de Larossi Abballa.

Les enquêteurs ont du mal à croire non plus que l’avant-dernier d’une fratrie de cinq enfants ignorait les projets de ce proche, d’autant qu’ils partageaient la même idée d’un djihad offensif.

Mohamed Lamine Aberouz ne cache pas un certain intérêt pour les thèses de l’état islamique à l’époque, l’organisation nommée dans la revendication de Larossi Abballa, en direct sur les réseaux sociaux, postée de l’appartement des victimes sauvagement assassinées au couteau.

Le débat sur la fiabilité de son ADN pourrait éviter à Mohamed Lamine Aberouz la réclusion criminelle à perpétuité. Le procès doit s’achever le vendredi 13 octobre.