Histoires de stades et de tribunaux

Justice

Procès du 13 novembre: Difficile de se camoufler

Evoqué par un enquêteur belge, au 55e jour du procès, le profil et le rôle de M. Bakkali apparaissent évidents aux yeux de l’accusation. Jusque-là, l’accusé a écarté toute implication dans la préparation des attentats du 13 novembre 2015.

Il est venu. Absent de la salle d’audience depuis le 26 novembre, solidaire de quatre autres co-accusés (Ayari, Krayem, Abdeslam et Abrini) dans ce mouvement de protestation contre l’anonymisation des enquêteurs belges entendus en qualité de témoins, Mohamed Bakkali se trouve dans le box ce 7 décembre. Au 55e jour du procès des attentats du 13 novembre 2015, le natif de Verviers en 1987 écoute son profil exposé par l’enquêteur 440.232.779.

M. Bakkali encourt la réclusion criminelle à perpétuité, face à cinq chefs d’accusations. Avec des faux papiers d’identité, ce « salafiste notoire » comme l’ont présenté les services belges dans une note de 2015, a loué des planques dans lesquelles on a retrouvé des traces de TATP, entrant dans la combinaison d’explosifs ayant probablement servi à la fabrication de ceintures pour les kamikazes du Stade de France. Bakkali a conduit des voitures de location qui, selon l’accusation, ont transporté des membres de le cellule belge.

En relation avec les frères Bakraoui (kamikazes des attentats de Bruxelles en mars 2016), comme associé dans la contrefaçon, Mohamed Bakkali aurait agi pour obtenir des kalachnikov. Devant les services belges et français, l’accusé a sensiblement minimisé son implication dans la logistique des attentats perpétrés à Paris et Saint-Denis. Il avait loué, perruque à l’appui, des appartements pour abriter un atelier de contrefaçon, se justifie-t-il.

On a retrouvé dans celui de Schaerbeek (loué sous le faux nom espagnol de Fernando Castillo) et de Jette, les ADN de plusieurs terroristes, et accusés présents dans le box (S. Abdeslam, M. Abrini, O. Krayem, S. Ayari). Bakkali s’était chargé des appartements pour le compte de Khalid El Bakraoui, avait-il déclaré dans une audition de juillet 2018 au palais de justice de Paris. Il disait ne pas savoir pas ce qu’il s’y passait, ni quelles personnes y résidaient.

Même défense pour les voitures. La BMW, ayant servi pour l’accusation à véhiculer des membres des commandos, Bakkali l’avait louée pour Ibrahim, l’aîné des El Bakraoui. Il nie avoir joué le rôle de chauffeur, ni celui de relais de Salah Abdeslam parti lui en Hongrie et en Allemagne pout récupérer les personnes venant de Syrie.

Il lui est reproché aussi d’avoir envoyé, depuis Molenbeek, en septembre 2015 à Budapest, toujours sous identité travestie, 1 000 euros à Ismaël Mostefaï, l’un des assassins du Bataclan. Mohamed Bakkali a encore nié. Ce n’était pas lui.

Le mois prochain, ce père de trois enfants, condamné il y a un ans à 25 ans d’emprisonnement pour complicité de tentative d’assassinat dans l’attaque du Thalys Amsterdam-Paris en août 2015 (dossier en appel), aura l’occasion de s’expliquer devant la cour quand débuteront les interrogatoires des quatorze accusés.