Histoires de stades et de tribunaux

Justice

Déshumanisés à l’extrême

(Crédit: A. Sarkissian)

Le témoignage des otages du Bataclan, ce mardi au 28e jour du procès des attentats du 13 novembre 2015, a remis en avant l’abominable froideur des terroristes.

« C’est comme un jeu vidéo mais dans la réalité. ils tirent, ils visent, ils tuent. » Grégory se remémore l’effroyable. Les terroristes du Bataclan exécutent leur mission, « comme des gens parfaitement entraînés, souligne celui qui assiste au concert ce soir-là, accompagné d’une amie. Elle lui a offert le billet pour son anniversaire.

Il deviendra un des otages coincés dans le couloir exigu du premier étage de la salle de spectacle, « une coursive », précise David, venu lui aussi à la barre, mardi 19 octobre au 28e jour du procès, pour témoigner de l’horreur vécue au plus près des terroristes.

Il n’a pas oublié l’un des deux djihadistes quand ces derniers tiraient du balcon. « Je t’avais dit de pas bouger », se marre Foued. A. en direction de la personne qu’il vient d’assassiner. Il s’amusait, poursuit David. « Ils se moquaient des otages, parce que j’étais un peu gros, et Caroline, car elle était handicapée. »

« Le premier qui fait le justicier, je lui mets une balle dans la tête », assène Ismaël M. Des mots qui resteront dans « ma tête jusqu’à la fin de ma vie », confie le témoin, un temps suspendu à une fenêtre, à sept mètres du sol, tentant de fuir, perché avec deux autres, dont une femme enceinte.

Il en est persuadé. Il va mourir en chutant, ou d’une balle dans la tête. David, Grégory, Caroline, ils seront 11 menacés de mort dans ce petit couloir, sans oublier ceux cachés dans la loge et dans un local technique. Les otages seront délivrés par la BRI dont l’assaut a été donné le 14 novembre 2015 à 0h18.