Histoires de stades et de tribunaux

Justice

Kriket, un des idéologues de la cellule d’Argenteuil

Palais de justice de Paris. A l'entrée du couloir menant à la salle René Cassin. (© - Alex Sarkissian).

Reda Kriket est l’un des sept accusés soupçonnés de la préparation d’un attentat au printemps 2016. Le procès a débuté le 8 mars à Paris.

Le seul sport trouvant grâce à ses yeux était la course à l’argent facile. La formule est lâchée par l’enquêtrice de personnalité chargée en 2017 de se pencher sur le cas Reda Kikret. Lundi 8 mars 2021, cinq ans après son arrestation, le natif de Courbevoie (Hauts-de-Seine), 39 ans, a pris place dans le box de la salle René Cassin du Palais de justice de Paris, dans laquelle il sera jugée par la cour d’assises spécialement composée.

Avec six autres hommes, il est accusé d’avoir appartenu à une association de malfaiteurs terroriste criminelle, et risque la réclusion criminelle à perpétuité. Cette attirance prononcée de tout ce qui brille, Kriket l’a visiblement entretenue assez tôt. Une partie de sa famille parle d’une véritable obsession. La suite, logique, le pousse à franchir sans difficulté la ligne blanche.

Première condamnation à 17 ans, le jeune homme d’origine algérienne a suivi le parcours très souvent observé d’un candidat au djihad, sympathisant de l’Etat islamique, comme le dépeint l’accusation. Il nie tout cela depuis le début de sa rencontre avec les autorités.

En classe de sixième, son absentéisme défie les statistiques. Une expulsion en cinquième d’un collège de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) précipite la fin des études pour Reda Kriket, indique le témoin. Son exposé déroulé à la barre pointe aussi des relations familiales quasi inexistantes. Il se trouve rarement à la maison avec ses parents et ses deux soeurs.

Celui qui a formé, avec deux autres co-accusés, la cellule d’Argenteuil, a suivi les mauvaises fréquentations. Son engagement religieux ? Deux ans après la naissance de son fils, Kriket amorce un changement en 2011. Il s’est promis d’augmenter le nombre de prières. En même temps, il se calme sur l’alcool et la « fume ».

Des signes de radicalisation avaient été perçus un an plus tôt quand il a quitté la France pour la Belgique, trois ans après une cavale aux Pays-Bas avec la mère de son enfant. Une autre de ses ex évoque devant l’enquêtrice une forme de sagesse gagnant Kriket au contact de l’Islam.

Encore sous le choc de Bruxelles

Le 24 mars 2016, il est interpellé à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Dans un appartement, dit « conspiratif » qu’il louait à Argenteuil (Val-d’Oise), on trouve un arsenal des plus inquiétants. 6 fusils d’assaut de type Kalachnikov et 7 armes de poing notamment.

Le contexte est aussi particulier. Quelques jours après les attentats perpétrés à Bruxelles (gare et métro) ayant enlevé la vie à 32 personnes (plus de 300 blessés), et à l’approche du Championnat d’Europe de football organisé en France, les magistrats instructeurs ont la conviction d’une action violente de grande ampleur en préparation.

La présence de produits chimiques et de matériel de fabrication d’explosif extraits de la perquisition renforce cette théorie. Reda Kriket, Anis Bahri et Abderrahmane Ameuroud constituaient le « coeur idéologique et opérationnel de la cellule d’Argenteuil », a écrit l’accusation. Le procès doit durer cinq semaines.