Histoires de stades et de tribunaux

Justice

Qui a voulu tuer le joggeur ?

La Coulée Verte à Fontenay aux Roses (D.R).

Presque 6 ans après les faits, la justice n’a pas la réponse à cette question. Quelques heures après la tuerie de Charlie Hebdo et à la veille au soir de l’assassinat de Clarissa Jean-Philippe à Montrouge, un homme s’est attaqué le 7 janvier 2015 à un joggeur, le touchant par balles à plusieurs reprises. Il est venu témoigner jeudi à la barre au 12e jour du procès. L’arme utilisée avait été retrouvée après l’assaut de l’Hyper Cacher.

Amar Ramdani n’a pas tiré sur Romain Dersoir le 7 janvier 2015. Ses conseils se sont efforcés de soutenir cette version, jeudi au douzième jour du procès des attentats commis à Paris et Montrouge. Maître Christian Saint-Palais, tout d’abord, s’est fait confirmer dans la matinée auprès d’un témoin un élément qu’il juge incontestable. Membre de la direction de la police judiciaire des Hauts-de-Seine à l’époque, Michel Faury a rappelé à la barre qu’Amar Ramdani avait borné à Garges-lès-Gonesse, entre 19 et 22 heures, ce 7 janvier 2015.

Il ne pouvait donc pas se trouver aux alentours de 20h30 pour agresser par balles Romain Dersoir alors en plein jogging le long de la Coulée Verte à Fontenay aux Roses, tout près de la gare RER, insiste l’avocat. Sa collègue Daphné Pugliesi a profité de la présence du témoin à la barre pour vouloir faire admettre définitivement cette donnée matérielle. « Son téléphone a borné à Garges-lès-Gonesse, ça ne veut pas dire qu’il y était », coupe Romain D. « Si, si, il s’agit de conversations téléphoniques de mon client. »

Dans un premier temps, les enquêteurs ont pensé qu’il pouvait s’agir d’Amedy Coulibaly, quelques heures avant de s’en prendre à Clarissa Jean-Philippe, la policière de Montrouge le 8 janvier peu après 8 heures. Les douilles constatées à la Coulée Verte correspondaient au pistolet Tokarev retrouvé deux jours plus tard, le 9, après l’assaut de l’Hyper Cacher.

La piste Coulibaly est écartée après les différentes planches de photos présentées à la victime. Son agresseur n’avait pas la peau noire. Les soupçons s’orientent ensuite vers Amar Ramdani. Romain D. lui a trouvé une forte ressemblance avec celui qui l’avait atteint de cinq balles.

Quand le président de la Cour a donné la parole à l’accusé, un échange, viril mais courtois, s’est engagé entre lui et le témoin. Ramdani a répété qu’il ne lui avait pas tiré dessus. « Je n’ai pas dit que c’était vous mais que la photo était la plus ressemblante. Ce n’est pas la même chose », a contré Romain Dersoir, loin d’être impressionné.

Amar Ramdani encourt 20 ans de prison pour association de malfaiteurs terroriste criminelle. Il lui est reproché un soutien financier à Amedy Coulibaly et des contacts fréquents avec ce dernier jusqu’au 6 janvier 2015.