Histoires de stades et de tribunaux

Justice

Attentats janvier 2015 : « On a besoin d’humanité »

Les assassins de Charlie Hebdo au moment de leur fuite (Capture d'écran - France 2)

La deuxième semaine du procès a débuté avec le récit des trois jours qui ont marqué les attentats et un moment particulièrement douloureux. Les images de la rédaction de Charlie Hebdo juste après l’attaque et celles de l’assassinat du policier Ahmed Merabet ont glacé l’assistance.

Emotion est un mot bien faible pour qualifier le sentiment qui s’est propagé lundi, à l’occasion du quatrième jour du procès des attentats de janvier 2015 commis à Paris et Montrouge. La diffusion d’images montrant la scène de crime dans les locaux de Charlie Hebdo a plongé l’assistance dans l’effroi et l’horreur. Comment pouvait-il en être autrement en voyant les corps des journalistes et les immenses traces de sang les entourant ?

Christian Deau, membre de la section antiterroriste (SAT) de la Brigade Criminelle à l’époque des faits, commente à la barre avec précision le panoramique établi lors des constatations le 7 janvier 2015  avant midi, quelques minutes après l’attaque des frères Kouachi qui a duré moins de deux minutes.

« J’ai déjà vu des images éprouvantes mais là, tout de suite, j’avoue que l’avocate se dispute avec l’amie puisque je connaissais très bien Tignous, qui était un garçon extraordinaire », réagit les yeux embués Caty Richard, conseil du fils de Bernard Maris, une autre des 17 victimes (1) sauvagement assassinées il y a un peu plus de 5 ans et demi.

« On est saisi par la motivation très forte des terroristes, poursuit avec retenue cette proche d’un des journalistes de Charlie Hebdo abattus par des balles de fusil de type Kalachnikov. C’est une scène d’horreur, une scène de guerre qui s’est passée en 1 minute 45. » Parmi les autres images très fortes diffusées lundi en fin de matinée, on assiste là aussi terrifié à la mort du policier Ahmed Merabet.

Ce dernier, blessé, est couché sur le trottoir, inoffensif. On l’entend dire aux tueurs « Non, c’est bon chef » avant de recevoir une balle à bout portant. « Il y avait clairement la volonté de l’achever », confirme en effet le membre de la SAT.

« On a besoin d’humanité dans ce procès, souffle Caty Richard, car ce que l’on a vu aujourd’hui, ce sont des machines de guerre, c’est inhumain. » Maître Antoine Comte, autre avocat des parties civiles, estimait à la sortie de l’audience qu’il fallait « ces images pour confronter les accusés à la réalité. » On reproche à la plupart d’entre eux d’avoir aidé à la fourniture de l’arsenal en possession des trois terroristes assaillants.

1 : Stéphane CHARBONNIER « Charb », Georges WOLINSKI, Elsa CAYAT, Philippe HONORE, Bernard VERLHAC « Tignous », Moustapha OURRAD, Bernard MARIS, Jean CABUT dit CABU, Frédéric BOISSEAU, Michel RENAUD, Franck BRINSOLARO, Ahmed MERABET, Clarissa JEAN-PHILIPPE, Philippe BRAHAM, Yohan COHEN, Yoav HATTAB et François-Michel SAADA.