Histoires de stades et de tribunaux

Justice

Attentats janvier 2015 : « Je n’étais pas dans la tête d’Amedy »

Palais de justice de Paris. (© - Alexandre Sarkissian).

La première semaine du procès s’est achevée avec l’audition de proches d’Hayat Boumeddiene, la compagne du terroriste Amedy Coulibaly, et la difficulté de la Cour d’en tirer des informations précieuses. Reprise de l’audience lundi matin.

« Non, j’ai trop parlé là, ça va. » Saadi B. rembarre poliment une journaliste souhaitant une réaction à la sortie de son audition vendredi soir. Celle dont les parents ont hébergé Hayat Boumeddiene lorsque cette dernière avait 14 ans en avait suffisamment dit à son goût, interrogée au troisième jour du procès des attentats de janvier 2015 commis à Paris et Montrouge.

Appelée comme témoin à l’occasion de l’étude de la personnalité de la compagne d’Amedy Coulibaly, parmi les trois accusés du dossier visés par un mandat d’arrêt (avec les frères Belhoucine, présumés morts), Saadia B. a eu le sentiment de voir son statut pas entièrement respecté dans cette salle 2.02 du Palais de justice de Paris à la Porte de Clichy. Elle était venue pour parler du profil de celle qu’elle considère comme sa « petite soeur ». Cela n’a pas été toujours le cas.

Comment expliquait-elle le passage à l’acte des terroristes ? « Je n’étais pas dans la tête d’Amedy ? » « Amedy Coulibaly vous-a-t-il parlé de ses projets d’attentats ? » « Non, jamais. » 

On peut comprendre un certain agacement quand son rapport intime à la religion a été abordé ou quand on a voulu savoir comment elle définissait les « mécréants ». Ce qui a fait bondir ou presque le président de la Cour Régis De Jorna : « Je crois qu’on est au-delà de la personnalité d’Hayat Boumeddienne. 

Les avocats de la partie civile ont eu une réponse en demandant pourquoi la trentenaire n’avait pas alerté les autorités après avoir eu H. B. au téléphone le 26 avril 2015, plus de trois mois après sa fuite vers la zone irako-syrienne (1). « Non, on n’a pas eu ce réflexe. Je savais que j’étais sur écoute et que je serai convoquée. »

Lundi, la Cour en terminera avec les personnalités des accusés en se penchant sur le cas de Mohamed et Mehdi Belhoucine avant de débuter le douloureux récit de la journée du 7 janvier 2015. Le procès doit s’achever le 10 novembre.

1 : Hayat Boumeddiene est partie vers la Syrie, via Madrid, le 2 janvier 2015, trois jours avant la tuerie de Charlie Hebdo, « escortée » par Mohamed et Mehdi Belhoucine afin de rejoindre l’Etat Islamique.