Histoires de stades et de tribunaux

Justice

Crispation au procès Merah

(D.R. Alex Sarkissian)

Son témoignage était attendu. La mère de la famille Merah a passé plusieurs heures à la barre ce 4 avril, dans cette deuxième semaine du procès Merah/Malki. Comme à l’automne 2017, elle n’a pas apporté plus de précision par rapport à sa première audition, en plus de provoquer à nouveau quelques tensions dans une partie de la salle du Palais de justice de Paris. Il était difficile d’envisager le contraire.

On ne sait toujours pas. On ne saura probablement jamais qui s’est connecté le 4 mars 2012 sur Internet, à 23h08 et 23h11, du domicile de Zoulikha Aziri. La mère de la famille Merah assure que ce n’est pas elle. Elle a répété ce jeudi 4 avril ne pas savoir se servir d’un ordinateur, au neuvième jour du procès d’un de ses fils, Abdelkader Merah, 36 ans, et de Fettah Malki, le deuxième accusé, pour avoir fourni des armes et du matériel à Mohammed Merah. L’auteur des tueries de Toulouse et Montauban ne peut pas être celui qui a surfé ce 4 mars pour consulter sur le Boncoin l’annonce de la vente d’une moto postée par sa première victime, Imad Ibn Ziaten, abattu le 11 mars. L’accusation en est persuadée puisque que son téléphone bornait juste après 23 heures à proximité de son domicile. Abdelkader alors ? Le frère aîné, dont l’alibi comporte quelques fragilités, assure que non. Il est bien passé voir sa mère ce jour-là mais entre 19 et 20 heures, durant une vingtaine de minutes.

Zoulikha Aziri, aidée par une interprète, a de nouveau déclaré que personne n’était venu en deuxième partie de soirée. Elle a maintenu jeudi ses propos tenus il y a 16 mois au cours du premier procès. Et à nouveau, la salle s’est crispée au moment de l’audition de la mère des frères Merah. Les familles des victimes se sont agacées des réponses de Zoulikha Aziri quand elle a dit contester le résultat des investigations policières. Les experts en informatique sont formels.

Pour eux, les deux connexions l’ont été par une personne physique, et non pas à distance comme l’a martelé la témoin, supposant que c’était Mohammed Merah puisqu’il avait les codes wifi. Un avocat des parties civiles insiste logiquement sur ce point précis. Si Abdelkader Merah est relié à la consultation de l’annonce du Boncoin ayant précédé le guet-apens tendu au sous-officier, son implication serait alors plus grande. Jusqu’à le rendre complice dans l’organisation des assassinats de son jeune frère ? C’est ce qui n’a pas été établi à l’automne 2017.

Latifa Ibn Ziaten (D.R. Alex Sarkissian)

L’accusé avait été acquitté de « complicité d’assassinats à caractère terroriste et de complicité de tentative d’assassinats à caractère terroriste. » Le nouveau témoignage de sa mère, toujours confus, n’a pas permis d’y voir plus clair. On ne s’attendait pas au contraire. Vendredi, la Cour examinera les faits survenus à Montauban le 15 mars 2012 quand deux autres militaires furent enlevés à la vie, Abel Chennouf et Mohamed Legouad, et un troisième, Loïc Liber, qui souffre depuis d’une tétraplégie haute.

Leave a Reply