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Justice

5 ans de prison requis pour le « logeur de Daesh »

(Crédit: Alexandre Sarkissian)

Le ministère public a requis jeudi cinq ans d’emprisonnement à l’encontre de Youssef Assalam et Jawad Bendaoud, dans le procès en appel dit du « logeur de Daesh. » Les plaidoiries de la défense se dérouleront vendredi.

LT (Live tweets) réalisé le 13 décembre 2018.

Réquisitions de l’avocate générale

Avocate Générale : « Je n’ai aucun doute sur la culpabilité des deux prévenus. Je demande pour M. Bendaoud, qui est dans un cas de récidive légale, 5 ans d’emprisonnement », avec demande de mandat de dépôt. Même peine pour Youssef A., mandat de dépôt pour « risque de fuite à l’étranger. » 17h33. Suspension d’audience. Reprise vendredi à 13h30.

Jawad Bendaoud est « un individu à l’état brut, sans empathie pour les victimes, il n’a pas le respect des gens. » (AG)

L’avocate générale en vient aux personnalités des deux prévenus, Jawad Bendaoud et Youssef A. « Bendaoud n’a pas la connaissance religieuse d’Assalam mais il en a les codes », affirme l’AG.

L’AG reproche au prévenu sa « vision guerrière de l’Islam. »

L’AG énumère les éléments du dossier mettant en évidence, dit-elle, l’attachement de Youssef A., a des thèses religieuses radicales ainsi que les moments durant lesquels il aurait dû prévenir la police (16 novembre notamment), ayant eu connaissance de la situation dans laquelle se trouvait son cousin Abdel Hamid Abaaoud.

L’avocate générale évoque désormais Youssef Assalam. Il est poursuivi pour « non dénonciation de crime. » L’AG parle d’ « une certaine fierté » qu’aurait ressentie Bendaoud à héberger ces locataires à qui on aurait prêté toutes les bonnes attentions. Abaaoud est « une sorte de héros pour Bendaoud », ajoute-t-elle.

L’avocate générale évoque le statut de Jawad Bendaoud dans son quartier. « Il a un territoire qu’il contrôle, je ne crois pas un instant qu’il ne se soit pas renseigné sur eux (les logés) ».

L’AG dit Abaaoud pour parler de Jawad Bendaoud, pour la deuxième fois. Elle se reprend, suite à la remarque de Me Nogueras, et demande qu’on l’excuse. 

AG « Le ministère public a la charge de la preuve de rapporter que M. Bendaoud sait qui il héberge… L’information est partout, tout le temps. Nous sommes dans une société hyper connectée mais M. Bendaoud ne sait rien. »

L’AG indique son désaccord avec la demande de requalification concernant le recel de terroriste qui encourt 10 ans de prison. Le dossier ne permet pas de dire que M. Bendadoud avait connaissance du projet d’attentat du 19 novembre (quartier de la Défense à Paris, ndlr) AG.

L’AG parle d’« onde de choc planétaire ». Tout le monde parle des attentats du 13 novembre 2015, les chaînes d’infos en boucle… « C’est dans ce contexte là que vous devez juger cette affaire. »

15h49. Reprise de l’audience après 37 minutes de pause. Le président demande à Jawad Bendaoud de se lever. Il lui rappelle que le prochain débordement conduira à son expulsion définitive. « C’est la dernière fois monsieur que la cour supporte vos débordements. »

Nouvel incident avec Jawad Bendaoud

Raccompagné par plusieurs gendarmes, Jawad Bendaoud hurle au point que les débats ne soient plus audibles. L’AG a été coupée quand elle précisait que c’est le procureur de la République qui a sollicité la comparution immédiate de Bendaoud et non pas le fruit de la plainte de la victime menacée de morts. Ce que Bendadoud a encore contesté dans le box de manière virulente en montrant du doigt l’avocate de la victime du 13 novembre. Ce qui a provoqué son expulsion. 

15h10, le président fait sortir Jawad Bendaoud pour avoir interrompu l’AG. Ce dernier lui a coupé la parole alors qu’elle évoquait la détention de Bendaoud pour « menaces de mort.

15h08. L’avocate générale a la parole. Début des réquisitions.

De novembre 2015, depuis l’assaut, à 2017, date d’un arrêté préfectoral, l’immeuble n’a pas été réparé, on l’a laissé en état, poursuit Me Mouhou : « Il faut que les préjudices soient évalués avec une expertise de l’état de l’immeuble avant, et après l’attentat. »

Le syndic des co-propriétaires du 48 rue de la République demande une expertise immobilière, « au frais du trésor. » Elle avait été refusée en première instance, indique Me Mouhou à la cour. Raison avancée ? Dossier incomplet.

Me Mouhou : « Cette opération de police (l’assaut) a fait courir des risques à la population. » Une personne s’est pris une balle dans la main en ouvrant sa fenêtre le 18 novembre au matin, un autre blessé à l’épaule. « On les a traités peut-être comme des terroristes, poursuit l’avocat, ils ont été déshabillés, ils se sont retrouvés nus dans la cour. »

Un des problèmes majeurs soulevé par Me Mouhou c’est la non reconnaissance de l’assaut du RAID comme acte de terrorisme. Ce qui change considérablement, explique-t-il, la nature des prises en charge des assurances pour les indemnisations.

Me Mouhou rappelle les dommages physiques de victimes: la perte d’une partie de l’audition d’un monsieur qui a perdu son emploi. Il évoque également des conditions de relogement, chambres d’hôtel, pour le moins inadaptées attribuées à une famille avec trois enfants.

Youssef A. avait été condamné en première instance à quatre ans d’emprisonnement dont un an assorti du sursis simple du chef de non dénonciation de crime terroriste.

Me Mouhou se trouve à la barre pour parler au nom des habitants du 48 rue de la République à Saint-Denis, où s’est déroulé l’assaut des forces de l’ordre le 18 novembre 2015.

Jawad Bendaoud de nouveau en prison

Un des avocats des PC regrette l’absence de Mohamed S. (condamnation est définitive). Le 3e accusé du premier procès, condamné à 5 ans d’emprisonnement pour les faits de soustraction à l’arrestation ou aux recherches d’auteur ou complice d’acte de terrorisme aurait pu apporter des précisions sur les faits, notamment la teneur des discussions entre lui, Bendaoud et Hasna Aït-Boulahçen, la cousine d’un des deux terroristes logés à Saint-Denis.

Jawad Bendaoud se trouve depuis hier dans le box des accusés, alors qu’il comparaissait libre depuis le début du procès le 21 novembre dernier. Il a été condamné mardi soir à six mois de prison ferme pour menaces de mort sur une victime des attentats du 13 novembre 2015 (incident survenu le 5 décembre dans les couloirs du Palais de justice). Celui qui a été surnommé  le « logeur de Daesh », relaxé en première instance le 14 février dernier, nie les faits.

Dans l’ex-salle d’audience de la 16e chambre correctionnelle, on devrait assister cet après-midi à la fin des plaidoiries des parties civiles, suivies des réquisitions de l’Avocate générale.

Retour ce jeudi à Paris pour la suite du procès en appel de Youssef Assalam et Jawad Bendaoud.

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