Histoires de stades et de tribunaux

Justice

Procès du « Logeur de Daesh », acte II

TGI de Paris, 14 février 2018, juste après le verdict du procès appelé aussi celui du "Logeur du 13 novembre". (Crédit Alexandre Sarkissian).

Le procès en appel du « Logeur de Daesh » a débuté mercredi 21 novembre, neuf mois après un verdict qui avait vu Jawad Bendaoud relaxé, au contraire des deux autres prévenus. Y. Assalam sera entendu le premier à partir de jeudi. Le cousin germain d’un des terroristes ayant frappé Paris et Saint-Denis le 13 novembre 2015, avait également fait appel de la décision de février dernier rejetant les faits qui lui sont reprochés, à savoir la non dénonciation de crime terroriste.

Le rendez-vous avait été fixé à 9 heures. L’audience n’a débuté qu’une heure vingt plus tard, rappelant le souvenir de l’ouverture du procès en première instance. Le 24 janvier dernier, déjà, les débats avaient pris du retard à cause de l’extraction différée du même prévenu, M. Soumah. A l’époque, il s’agissait de la conséquence d’une grève des surveillants de la prison où il se trouvait. Ce mercredi 21 novembre 2018, pas de raison précise n’a été invoquée sur ce retard.

Un air de déjà-vu renforcé par le choix de la même salle d’audience, l’ancienne 16e chambre correctionnelle, et l’ajout de deux autres espaces mis à la disposition des parties civiles, trop nombreuses pour tenir dans une salle, et du public et des journalistes qui n’ont pu prendre place dans le box des accusés faisant face à celui où se trouve M. Soumah. Contrairement au premier acte, Jawad Bendaoud comparait libre, comme Y. Assalam, puisque relaxé le jour de la dernière Saint-Valentin.

Le « Logeur de Daesh » est apparu plutôt calme, très loin de l’image du jeune homme ultra-agité qu’il avait renvoyée lors des premiers débats. Son ensemble de survêtement noir « George V » contre balancé par le brillant de paillettes dorées s’étalant de bas en haut ne pouvait en revanche qu’attirer la curiosité. Comme un prolongement à son arrivée (et son départ vers midi-trente) à la Cour d’appel de Paris que Jawad Bendaoud a mis en scène sur les réseaux sociaux, #Suismaviedeprévenu….

Les conditions du procès dénoncées par les avocats des parties civiles

L’essentiel était ailleurs dans cette première journée consacrée à la mise en place d’un procès  (planning, rappel des faits…) qui compte 780 parties civiles constituées. Maître Frédérique Giffard, « au nom du groupe pénal », a regretté devant le président le « sentiment de relégation » qui habitait les parties civiles dans ce dossier. L’avocate a dénoncé les conditions dans lesquelles allait se dérouler le procès, comme le premier, dans une salle trop petite pour accueillir tout le monde : « La présence des victimes est massive, cela changerait tout. Nous aimerions que par la suite, cela ne se reproduise plus. Nous resterons vigilants sur cette question, notamment lors du futur procès des attentats du 13 novembre. »

Jeudi, à partir de 13h30, la cour se penchera sur le cas de Y. Assalam, condamné en première instance à quatre ans de prison dont un avec sursis pour « non-dénonciation de crime terroriste ». Il s’agit du frère de Hasna A.B., retrouvée sans vie après l’assaut du RAID donné le 18 novembre 2015 au matin, et qui avait également provoqué la neutralisation de son cousin germain Abdel Hamid Abaaoud et de Chakib Akrouh, les assassins des terrasses, logés dans un squat de Jawad Bendaoud à Saint-Denis.

Au cours de son réquisitoire lors du premier procès, le procureur de la République était convaincu de la radicalisation de Y. Assalam: « Le plus médiatisé n’est pas le plus inquiétant dans cette affaire, loin de là, avait-il dit. Il adhérait parfaitement à l’idéologie islamiste. » Le cousin d’Abaaoud tentera encore de démontrer qu’il n’avait aucune connaissance des futurs projets meurtriers de ce membre de la famille.

Leave a Reply