Histoires de stades et de tribunaux

Justice

Procès Georges Tron, une des plaignantes entendue

Bobigny, décembre 2017. Maître Eric Dupond-Moretti et Georges Tron arrivent au tribunal de Seine-Saint-Denis (Capture d'écran)

L’une des deux accusatrices de Georges Tron, poursuivi comme l’une de ses adjointes de la mairie de Draveil pour « agressions sexuelles et viols en réunion », a raconté mercredi à la barre un des faits reprochés à l’ex secrétaire d’état à la Fonction publique. Une scène surréaliste.

Virginie Ettel voit la porte se verrouiller. Elle se retrouve seule dans la salle de réception de la mairie de Draveil avec Georges Tron un jour de novembre 2009. Quelques minutes plus tôt s’est achevé un déjeuner durant lequel l’édile s’est livré à un de ses jeux favoris, raconte celle qui était employée à l’époque à la mairie de la commune de l’Essonne. Devant la cour d’assises de Seine-Saint-Denis, ce mercredi 31 octobre, une des plaignantes décrit le massage effectué par Georges Tron en plein déjeuner de travail et sa crainte que les autres convives à ce repas ne s’aperçoivent du tableau. Le grand intérêt manifesté par l’homme politique pour la réflexologie plantaire a fait des adeptes. Son adjointe à la Culture, Brigitte Gruel, prend le relais du maire lors de ce fameux repas. Celui-ci achevé, débute ensuite la première scène de viol présumé.

Georges Tron recommence à lui masser les pieds. « J’espérais que Brigitte Gruel revienne vite dans la pièce et me libère. Mais c’est l’inverse qui s’est passé, elle a fermé la porte », poursuit Virginie Ettel, en larmes à la barre. Elle livre ensuite les détails de l’agression sexuelle présumée qui aurait été perpétrée par le maire et son adjointe. Les avocats du prévenu, dont le médiatique Eric Dupond-Moretti, vont s’’attacher à tenter de fragiliser la version de l’accusatrice, lui reprochant quelques incohérences, comme la date du présumé viol (12 ou 19 novembre), ou celui de sa tentative de suicide. La femme aurait voulu mettre fin à ses jours à cause d’une rupture sentimentale, et pas suite aux faits survenus dans la mairie de la commune de l’Essonne. (La deuxième agression se serait déroulée au domicile de Brigitte Gruel).

Tron : « Je n’ai jamais été violent avec qui que ce soit. »

 

Face à l’offensive des conseils de l’élu, qui encourt jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle, Virginie Ettel explique qu’à l’époque, elle commence à boire et prend des médicaments comme des anti-dépresseurs. « Ça rendait compliqué le fait sans doute de relater ces événements avec toutes les bonnes dates », se défend-elle dans des propos rapportés en direct du Tribunal de Bobigny par France Info. Et Dupond-Moretti de s’étonner que la victime présumée n’ait pas protesté notamment quand Georges Tron lui prend la jambe pour la masser, au restaurant, comme cela est arrivé, ou ailleurs: « Sous la table, il vous prend le pied, vous ne dégagez pas votre jambe ! ? »

Eva Loubrieu, la deuxième plaignante, devrait être auditionnée mercredi prochain. De son côté, Georges Tron, et il l’a réaffirmé le premier jour du procès le 23 octobre dernier, se dit totalement innocent: « Je n’ai jamais été violent avec qui que ce soit. » L’ancien secrétaire d’état à la Fonction publique, avait été contraint à la démission le 29 mai 2011, après le dépôt de plainte, une dizaine de jours après l’arrestation à New York de Dominique Strauss-Kahn par la SVU (Special victims unit). Le scandale déclenché par l’ancien directeur du FMI sera suivi cinq ans plus tard par celui du mouvement #MeToo, suite aux accusations visant le producteur américain Harvey Weisntein. 

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