Histoires de stades et de tribunaux

Justice

Un troisième homme trop discret

31 janvier 2018, TGI de Paris. Youssef Aït-Boulahçen, protégé d’une capuche, sort de la salle d’audience derrière son avocat (habillé de noir, mallette à la main gauche) (Crédit: Alexandre Sarkissian).

Durant sa plaidoirie, un des avocats des nombreuses parties civiles du procès du « logeur du 13 novembre » a lancé une offensive contre Youssef Aït-Boulahcen, exhortant le cousin d’Abdelhamid Abaaoud à sortir de ses mensonges.

Les plaidoiries ont débuté en même temps que la deuxième semaine du procès du « logeur du 13 novembre » et celle de Jean Reinhart, mercredi, n’a pas épargné Youssef Aït-Boulahcen: «Il ne veut pas nous regarder, vous savez comme ces enfants interrogés par le prof et qui se se cachent dans leurs trousses en pensant qu’ils disparaissent. Youssef se cache à nous depuis presque deux ans et demi ». Masquant le côté droit de son visage, le cousin d’Abdelhamid Abaaoud se bouche les oreilles pendant l’intervention de l’un des nombreux avocats des parties civiles.

Pour l’homme de loi, le troisième prévenu, renvoyé pour non dénonciation de crimes terroristes, se trouve dans une posture en se construisant un personnage pour échapper aux sanctions. Le frère d’Hasna, tuée lors de l’assaut du Raid le 18 novembre 2015, affiche beaucoup de calme, contrairement au plus médiatisé des deux autres prévenus dans le box. Il utilise un langage courtois et revendique sa volonté de travailler et de rester droit. Avec le diplôme d’ambulancier qu’il vient d’obtenir, il a déjà la confiance d’un employeur. Pas celle de Jean Reinhart qui continue de marteler son argumentaire: « Vous savez que vous mentez. »

Le ton se veut plus grave, plus profond quand il évoque une victime du Bataclan, le jeune Matthias: « Ce n’est pas en changeant votre nom que vous pourrez vivre, vous regarder dans une glace. Vous devrez le faire car Matthias avait votre âge et parce qu’il est mort. Je pense que Matthias aurait affronté la vérité, lui, alors que vous fuyez la vérité. Je n’ai pour vous aucune compassion. Pour Matthias tombé sous les balles, vous pouvez vous relever et dire la vérité. » Jean Reinhart en termine. Youssef Aït-Boulahcen en a fini de son côté de regarder le plafond.

Leave a Reply