Histoires de stades et de tribunaux

Justice

Un procès à peine audible

(Alexandre Sarkissian)

La suite de l’audition de Jawad Bendaoud et Mohamed Soumah n’a pas permis, vendredi après-midi, de voir la version des deux prévenus évoluer concernant les conditions de l’hébergement des terroristes. L’incident du début d’audience était, en revanche, pressenti.

Le charme est tombé. On a pu trouver Jawad Bendaoud amusant, voire parfois séduisant lors de son audition de jeudi. Mais le numéro de stand-up pimenté d’anecdotes fleuries a ses limites. Vendredi, le « logeur du 13 novembre » a remis ça. Il a continué à interrompre ses interlocuteurs, en insulter certains et a donc pollué les débats. Volontairement ou pas ? La présidente a bien tenté de faire comprendre au prévenu qu’en n’écoutant pas les questions, il ne pourrait pas y répondre de manière efficace. En vain… On n’a pas été surpris, en revanche, d’entendre le bruit d’un clash.

14h20, la présidente ordonne une suspension d’audience, 50 minutes après l’ouverture, pour faire baisser la tension. Le premier incident du procès vient de se produire. Maître Holleaux interroge Jawad Bendaoud sur la manière dont il se comportait avec ses enfants quand ce dernier monte brutalement dans les tours: « Qu’est-ce que vous voulez faire croire ? Que j’étais avec Hasna (Aït-Boulahcen, ndlr) le week-end alors que je ne l’ai vu que lundi pour la première fois ?… Vous me trainez comme un chien dans les medias. Je vais venir dans votre cabinet. On va s’expliquer face à face, entre hommes, je ne suis pas un lâche, moi ! »

« Toi, c’est même pas la peine que tu poses ta question »

 

Les avocats des deux parties donnent de la voix dans ce qui est devenu un beau vacarme. Madame la présidente, d’un ton toujours maîtrisé, arrive à remettre de l’ordre en même temps que Maître Nogueras fait redescendre les palpitations de son client. Debout, bras croisés sur le haut de son survêtement jaune citron du Borussia Dortmund, le logeur du 13 novembre attend désormais le retour de la cour. Il patientera une heure. Si l’ambiance est apaisée, le ton de Jawad Bendaoud est le même. Il invoque son droit au silence en voyant certaines robes noirs approcher du micro – « Toi, c’est même pas la peine que tu poses ta question » – mais chasser le naturel… Mohamed Soumah n’est pas plus coopératif.

Les débats piétinent. Le procureur tente sa chance « Vous apprenez le 13 novembre qu’il y a eu un attentat au Stade de France et pendant quatre jours, vous ne vérifiez pas ce qui s’est passé ? Si un de vos amis étaient parmi les victimes ? » « Je n’avais pas d’info, ma télé était cassée. Et j’avais autre chose en tête, je venais d’apprendre que j’avais mis enceinte une fille. », répète encore Jawad Bendaoud.  Ils n’en tireront rien. Reprise lundi à 12h30 avec les questions de la défense.

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