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Justice

Merah: Complicité, telle est la question

(Crédit: Alexandre Sarkissian)

La présence d’Abdelkader Merah auprès de son frère, le jour du premier assassinat, a été évoquée au 4e jour du procès. Une journée également marquée par les aveux d’Eric Dupond-Moretti au sujet de menaces visant sa famille.

Il s’est passé beaucoup de choses au cours de la 4e journée d’audience du procès des complices présumés des tueries de Toulouse et Montauban. Parmi la vingtaine de personnes composant le public, certains ont pu apprécier le spectacle proposé par Eric Dupond-Moretti. « Vous avez déjà plaidé en cour d’assises ? Et bien voilà un incident d’audience ! », lance l’avocat d’Abdelkader Merah à un de ses collègues de la partie civile. Le médiatique défenseur s’agace de la longueur du témoignage d’un policier, « Monsieur 38 », comme il se plaît à ironiser, et le fait savoir à sa manière en interrompant son audition par visioconférence. « Votre intervention est excessive maître », tente le président pour calmer la joute verbale qui s’engage. Sans grand succès sur le coup.

Dans la partie de la salle réservée aux familles des victimes, on n’a pas le coeur à sourire devant cette empoignade. Les proches d’Imad Ibn-Ziaten contiennent leurs vives émotions. La cour a évoqué un peu plus tôt les faits du 11 mars 2012 quand le sous-officier fut assassiné par Mohammed Merah. Le long exposé de l’enquêteur de la section anti-terroriste à l’époque, à l’origine de ces éclats de voix, a toute son importance dans ce procès. « Aujourd’hui, et pour l’ensemble de mes collègues, l’interrogation demeure sur l’auteur de la connexion », affirme-t-il. On ne sait pas qui s’est connecté le 4 mars, via le compte de la mère des frères Merah, pour consulter l’annonce postée par la première victime dans le but de vendre une moto.

Pour Eric Dupond-Moretti, il n’existe pas d’éléments à charge probants reconnaissant son client comme complice des attentas commis par son frère. L’avocat veut bien concéder à l’accusation qu’Abdelkader Merah ait pu rencontrer Mohammed le jour du premier assassinat, le 11 mars. « Ils se sont rencontrés au match de foot, si vous voulez, mais quelles preuves avez-vous sur la teneur de leurs propos ?», demande-t-il au policier. « Je l’ai déjà mentionné maître, personne ne peut le dire. » « Nous sommes bien d’accord. Dans ce cas-là, pourquoi ils ont tous écrit qu’il lui avait parlé du crime ?», continue de s’emporter Dupond-Moretti. Version contestée par l’avocate générale.

La famille de Dupond-Moretti menacée de mort

Abdelkader Merah apparaît, après ce que l’on a pu entendre après ce 4e jour d’audience, comme étranger (physiquement parlant) à la préparation et la commission des attentats. Il se trouvait toutefois présent dans la voiture (en compagnie d’un troisième homme) quand Mohammed Merah quitta le véhicule pour aller voler le scooter T-Max qui servira à ses horribles forfaits (Les trois hommes étaient en route pour un garage). Il a répondu aux enquêteurs à ce sujet lors de sa 9e audition. Il dit, rapporte le policier « 38 », avoir engueulé son frère pour l’avoir associé au vol du scooter. Il lui a reproché de ne pas l’avoir prévenu de ses intentions.

Sans preuves sur la complicité supposée de l’aîné Merah, les chefs d’inculpation pourraient être fragilisés. De là à imaginer une libération d’Abdelkader Merah… Des lettres anonymes en ont fait mention à l’adresse d’Eric Dupond-Moretti. En ouverture de la session de l’après-midi, l’avocat a averti la cour avoir reçu par le courrier du matin une lettre de menace qui l’inquiétait particulièrement. On lui promettait une balle dans la tête de chacun de ses enfants si Merah sortait libre à l’issue du procès.

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