Histoires de stades et de tribunaux

Justice

« On se référait tous à Allah »

(Crédit: Alexandre Sarkissian)

Le procès de la filière Cannes-Torcy tente actuellement d’en savoir plus sur la personnalité des accusés. Celle de Florian L. a montré une totale dévotion à un Islam qu’il a épousé pour un bout de papier.

« J’ai eu besoin d’un coup de pied au cul pour franchir le pas ». Florian L. tente d’expliquer sa conversion. Il est âgé de 21 ans en 2008 quand il entre dans une mosquée de Vallauris, attiré, dit-il, par la curiosité. Un papier trouvé sur un banc et contenant des inscriptions en arabe l’aurait incité à se questionner sur ces écrits qui l’ont mené à regarder de plus près le Coran, jusqu’à pénétrer dans le lieu de culte. « Il se cherchait comme un ado, il n’avait pas trouvé sa voie », commente sa mère, infirmière. A la barre des accusés du procès de la filière Cannes-Torcy, le trentenaire indique également avoir subi sa conversion. Mais il affirme aujourd’hui avoir parfaitement accepté sa condition religieuse.

Celui qui choisi le prénom d’Abdelhakim est un fidèle au milieu des autres frères. Il se rappelle de la période précédant son arrestation le 14 octobre 2013, quand il fréquentait la vingtaine de jeunes hommes considérés par la justice comme une association de malfaiteurs. « On se référait tous à Allah », répond Florian L. quand le président Philippe Roux lui demande le degrés d’influence de Jérémy Louis-Sidney, guide du groupe et abattu le 6 octobre 2012 lors de son interpellation. Et que pense-t-il des caricatures de Mahomet dans Charlie Hebdo ? « C’est possible mais dans la mesure où l’on respecte un minimum , rétorque Florian dans un français au vocabulaire plus que correct. Ce qu’ont fait les dessinateurs, c’est un manque de respect mais impossible que ça se règle par la violence. On règle le problème par Dieu. »

L’attaque de l’épicerie cacher Naouri le 19 septembre 2012, parmi les faits qui ont conduit au procès, s’est déroulée le jour de la sortie du numéro du journal satirique, objet de la polémique chez certains religieux. Le visage dans ses mains, Florian écoute maintenant sa mère venue à la barre ce vendredi: « J’ai été surprise d’apprendre sa conversion (un an avant celle de son frère cadet Raphaël), mais je l’ai respecté. Lui aussi, il nous a jamais imposé quoi que ce soit à la maison. Dans le frigo il y avait un compartiment halal et le reste avec la charcuterie. Au bord des pleurs, elle veut simplement le bonheur de son fils, qu’il se reconstruise psychologiquement, revienne à la maison et fonde une famille ». Ce sera à la cour d’assises spéciale d’en décider. Le procès doit s’achever le 21 juin.

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