Histoires de stades et de tribunaux

Justice

Vol de cocaïne au 36 Quai des Orfèvres: Le Tonton flingueur

Les 49 kilos de cocaïne ont été volés au 3e étage du siège de la PJ parisienne en juillet 2014. (Crédits: Alex Sarkis)

Jonathan Guyot a vu mercredi sa défense brisée par une révélation choc de son informateur. Le « Tonton » de l’ex-brigadier des Stups a affirmé que la cocaïne avait « bien été sortie » du 36 Quai des Orfèvres par le principal suspect de l’affaire.

« La coke a bien été sortie par Jonathan Guyot. Je l’ai mis en relation avec des trafiquants. J’ai touché un peu d’argent et c’est tout ». Il est à peine un peu plus de 16 heures ce mercredi dans la salle de la 14e chambre correctionnelle quand Farid K. lâche cette phrase lourde de sens, au deuxième jour du procès du vol de cocaïne du 36 Quai des Orfèvres. Celui qui est présenté dans cette affaire comme l’indicateur de l’ancien brigadier, plombe sérieusement la défense de Guyot au moment où celui-ci tentait de se dépêtrer des questions insistantes de la procureur concernant son emploi du temps de la soirée du 24 juillet 2014, quelques petites heures avant que ne disparaissent les 49 kilos de cocaïne de la salle des scellés du siège de la PJ de Paris.

Qu’a fait Jonathan Guyot après avoir dîné avec un ami dans un restaurant du 12e arrondissement ? « J’avais une heure à tuer avant mon rendez-vous vers minuit avec Farid, répond-il. Je ne me souviens plus mais j’étais dans le 12e ». Il ne convainc visiblement pas comme, on le suppose, ce fut probablement le cas quand il s’est présenté devant le juge d’instruction. Il raconte avoir ramené chez lui son compagnon de table, vers 23 heures, puis il aurait rendu visite à une amie dans le 10e arrondissement et opte ensuite pour un restaurant colombien où il voit une serveuse. Les deux versions n’ont pas été confirmées par les deux femmes.

Un maigre alibi au moment du vol

« Vous dites ensuite que vous revenez au restaurant du 12e mais là aussi, ce n’est pas confirmé par le serveur », s’interroge encore le président du tribunal, précisant que cet employé avait été briefé par l’épouse de Guyot pour arranger les faits et gestes de son mari.. Ce dernier explique qu’il avait demandé à sa femme, Sophie, d’aller voir ce serveur pour confirmer l’emploi du temps et de lui dire de ne pas mentir… L’alibi du Perpignanais d’origine vacille dangereusement. Et le récit des échanges SMS entre Guyot et son Indic va faire sortir « Robert » de ses gonds. « Dans une heure je t’appelle, m’appelle pas. Pas besoin », prévient Guyot à 23h31. « Qu’est-ce que vous aviez de si important à faire ? », insiste la procureur. « Je n’avais rien d’important à faire ». Il semble pourtant que si.

Excédé par la situation, selon son avocat (« Mon client grogne Monsieur le président »), Farid K. n’en peut plus et demande la parole. « Je suis le tonton de personne! Je ne suis pas un informateur. Mon nom est cité depuis longtemps alors que je n’ai rien à voir avec tout ça. J’ai été en contact avec Jonathan Guyot durant un an et demi et c’est tout », lance Farid avant de se répéter à plusieurs reprises (« J’suis pas un Tonton, moi ») et désigner à la surprise générale l’ancien brigadier comme l’homme quittant le 36 avec trois sacs.

« Je ne sais pas jusqu’où il veut aller dans ses déclarations, confiait à l’issue des débats du jour son avocat Maître Cohen-Sabba. Il dira ce qu’il estime être bon de dire et c’est je crois sa seule chance de s’en sortir dans cette histoire. » L’étau se resserre en revanche un peu plus autour de Jonathan Guyot.

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