Des peines maximales ont été requises contre quatre des sept prévenus issus de ce que l’on a qualifié de filière djihadiste de Strasbourg. Parmi eux, le frère aîné d’un des kamikazes du Bataclan.
Quatre prévenus « barbus » font face aux trois autres, rasés de près, réunis dans la salle de la 16e chambre correctionnelle de Paris où s’est tenu le procès dit de la filière djihadiste de Strasbourg. Françoise Cotta, avocate de Karim Mohamed-Aggad, avait soulevé cette curieuse répartition que la Cour avait qualifiée d’hasardeuse. Les peines demandées par le Procureur de la République, ce lundi 6 juin, suivront cette disposition géographique. 10 ans de prison, soit la peine maximale encourue, avec une période de sûreté de deux tiers à l’encontre de Karim Mohamed-Aggad, les frères Hattay (Ali et Mohamed) et Radouane Taher. Et pour ceux qui n’arboraient pas une barbe fournie, Mokhles Dahbi, Banoumou Kadiakhe et Miloud Maalmi, la partie adverse a demandé 8 ans d’enfermement, toujours avec un minimum de deux tiers de sûreté.
Ces peines ont été jugées excessives par la défense des sept jeunes hommes qui avaient obtenu au début de cette avant-dernière journée d’audience un report du procès de 45 minutes. Le tout afin de pouvoir examiner un document arrivé trop tardivement. Un rapport de détention faisant état de la conduite de certains prévenus comme Karim Mohamed-Aggad, dans le viseur des medias. Une notoriété dont il se serait volontiers passé. « Je n’ai rien à voir avec le 13 novembre. On n’a aucune part de responsabilité dans ce qui s’est passé. Mon frère a fait ce qu’il a fait, ça n’engage que lui« , avait tenu à dire au début des débats Mohamed-Aggad, frère aîné d’un des kamikazes du Bataclan fin 2015. Lui et ses copains de La Meinau, quartier de Strasbourg où ils se sont connus enfants, sont accusés d »association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste« , après avoir rejoint la Syrie en décembre 2013 avant d’y séjourner trois mois.
Le premier à être revenu en France est Miloud Maalmi, après 75 jours du côté de Raqqa et d’Alep, précise son avocat Eric Plouvier. Lors de sa plaidoirie, il dédouanera son client de tout lien avec un Islam radical. Ses autres collègues suivent la même ligne de défense. Les copains d’Alsace étaient partis par solidarité avec le peuple syrien, contre le régime de Bachar El-Assad, ou pour des raisons humanitaires. Une version mise à mal par le Procureur lors de son réquisitoire lorsqu’il a énuméré des extraits d’écoutes téléphoniques et décrit des photos ou vidéos extraites de l’analyse des ordinateurs et des téléphones portables des prévenus, tentant à démontrer leur implication morale dans la philosophie de Daesh. « Nous sommes dans un dossier où l’on ne se contente pas de demi-preuves ou d’affirmations« , contre attaque l’avocat de Maalmi.
La défense rappelle aussi qu’à l’époque, on parlait d’Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL), l’EI n’existant pas officiellement. Bref, on ne connaissait pas bien les véritables motivations de ce groupe terroriste. Un autre argument est de dire que partir en Syrie, y recevoir un entraînement armé et même combattre, n’est pas un crime. Mais dans la manche du Procureur, l’atout Mourad Farès risque de peser dans la balance. C’est auprès de ce recruteur que les prévenus ont préparé leur départ durant plusieurs mois. Ils ne pouvaient donc, sous-entend le Procureur, ignorer le caractère de leur mission. Le procès a été mis en délibéré jusqu’au 6 juillet.
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